19.4.12

19 avril 2012


Le temps et sa géographie

La lumière est différente depuis quelques jours : elle s'est faite joueuse, elle semble se payer notre tête. C'est sans doute ce bon vent qui bouscule les nuages et provoque des courses, des éclats et fait naître des ombres mouvantes. Il y a des bourgeons, des cris, de la poussière qui vole. La fenêtre du bureau de L'Oie est entrouverte ; elle est surtout sale mais c'est tant mieux : elle se fait l'écran sur lequel se projettent tous ces jeux. Il y a l'odeur aussi : un peu pourriture, un peu fraîcheur — l'odeur du monde qui change. Bien sûr, tout cela a un nom : brindille de temps, le renouveau, le changement. Certains n'aiment pas l'expression « Printemps étudiant ». On peut les comprendre : il y a réduction, bien sûr, et emprunt à d'autres printemps. Mais les étudiants sont bien vivants en ce moment. Et le mot printemps est bien joli, rien n'y fait. On souhaite qu'il ne soit pas qu'étudiant, qu'il ne dure pas qu'une saison. On souhaite que le sang, la sève, monte monte et monte : elle finira par atteindre la tête. Alors qui sait ce qui peut arriver ?

En tête

Pour l'instant, simplement, ce sont des livres qui sont arrivés chez l'éditeur. C'est un bonheur : la fraîcheur de l'encre, le poids de l'objet, la découverte des projets rêvés qui se matérialisent. On a reçu il y a quelques jours les Résolutions de Laurent Albarracin. Un recueil d'aphorismes tout en finesse, tout en mises en abyme. La couverture est un rappel de celle de À l'usage de Delphine de Pierre Peuchmaurd, autre recueil d'aphorismes, aujourd'hui épuisé, d'un poète qui compte énormément pour Laurent Albarracin comme pour l'éditeur. Reçu également, le Passage public de Joël Gayraud : le livre d'un promeneur attentif. Que ce soit à Prague, à Naples ou sur la pointe de Dungeness, près de la maison de Derek Jarman, Joël Gayraud sait voir et faire sentir l'essence des lieux traversés. C'est plus rare qu'on ne le croit ! On aurait aimé célébrer avec ces auteurs la sortie en librairie au Québec de leurs ouvages mais il semble qu'un océan nous sépare. Nous attendrons le Marché de la poésie de Paris pour boire à leur santé en compagnie de nos amis qui vivent sur cette rive.


À venir

Mais nous saurons célébrer de ce côté-ci des mers. On prépare un nouvel opuscule de Thierry Horguelin, Choses vues : un ensemble d'observations compilées par ce malicieux chercheur qui sait découvrir les déchirures dans l'apparente banalité du tissu quotidien. On en profite pour ressortir dans notre collection de poche « Petites pattes à ponts » son livre précédent, La nuit sans fin, qui était épuisé par la demande populaire. Juste coïncidence, Thierry sera de passage à Montréal fin mai lors de la sortie de ses livres : il y aura donc fête en sa bonne compagnie. Pour bien faire les choses, nous sortirons en même temps l'étourdissant ensemble de contes de Bérengère Cournut, Schasslamitt, que nous publions de conserve avec les éditions Attila de la bonne ville de Paris. Le vin sera français, l'humour sera belge : ce sont nos seuls plans arrêtés pour cette soirée. Pour le moment, faut songer à rentrer nos blancs moutons, se mettre à l'abri pour peaufiner les ouvrages : v'là la pluie, mironton mirontaine. 

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